Œil Ouvert

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Œil Ouvert

Questions en vrac

A Denise Gilliand, réalisatrice de films et fondatrice de Œil Ouvert


Quand et par qui a été fondée Œil Ouvert ?

« Œil Ouvert » a été créée par Denise Gilliand le 1er mai 2007 à Ecublens.


Œil Ouvert a pour but de : produire, réaliser et diffuser des projets culturels pertinents susceptibles de modifier notre regard sur le monde et par là même notre comportement. Pouvez-vous préciser ?

Je crois profondément que la culture, et c'est particulièrement vrai actuellement pour les films, a plus d'influence sur les comportements que les discours politiques ou les mouvements citoyens… sans les remplacer bien sûr ! Ceci pour la simple raison, que l'art touche l'être humain à plusieurs niveaux : émotionnel, intellectuel, sensoriel. De plus, l'identification au personnage principal, dans les films, les livres ou au théâtre, permet de se mettre à la place de… donc de percevoir une problématique de l'intérieur, en étant partie prenante d'un raisonnement ou d'une action.

Avec Œil Ouvert, nous utilisons l'art pour communiquer, dénoncer, éveiller, sensibiliser le public à des sujets qu'il nous semble urgent d'aborder dans notre société.


Le premier projet de Œil Ouvert était un film sur un atelier de cinéma en prison que vous avez animé. Quelles étaient vos motivations ?

Orson Welles disait : « Etre cinéaste, c'est avoir l'immense privilège de pouvoir toujours aller là où les autres ne vont pas ». J'ajouterais : ce serait dommage de s'en priver et de ne pas le partager !

Lorsque j'ai conçu et commencé à animer ce projet d'atelier cinéma en prison, je souhaitais partager avec des détenus ma passion du cinéma, une tranche de vie, un bout de rêve, un projet. Je ne pensais pas moi-même faire un film mais seulement les encourager à aller, eux, au bout de leur créativité en exploitant l'outil cinéma. Cela ne m'a pas suffi. Je suis avant tout cinéaste et devant la force et l'intérêt de ce que nous partagions, il m'était difficile de ne pas saisir une caméra pour mettre en images cette formidable aventure. Cinéma et prison sont des univers qui fascinent. Sans être aveuglée, je suis moi aussi captivée par la puissance de ce que ces images de tournage en prison évoquent, par l'intérêt que suscite notre art auprès des détenus et ce qu'ils en font, et enfin, par le lien qui se noue entre eux et nous.

Comme dans mon film « Les bas-fonds », j'ai la chance ici de pouvoir faire connaissance et révéler des personnalités sous leur jour le plus noble grâce à une création partagée. Même si nous sommes en prison, dans un univers de privation de liberté, nous ne sommes pas avec des assassins, des pédophiles et des voleurs, mais avec des réalisateurs de films potentiels… qui finalement sont des êtres humains comme nous ! Où donc se joue la différence ?


Quel lien entre l'art et le social ?

Voici 20 ans que je travaille comme réalisatrice de films, spécialisée dans le documentaire à caractère social. En filmant des personnes très cabossées par la vie, j'ai pu constater qu'en situation de détresse, la plupart perdent confiance en leur capacité d'agir, et de ce fait, cessent rapidement d'être en lien avec le monde environnant. Par ailleurs, en observant ceux qui font acte de résilience, j'ai acquis la conviction que la pratique d'activités créatrices est un outil puissant de valorisation de soi et de re-construction. Une oeuvre d'art de qualité montrée au public permet à son créateur de renouer avec le monde environnant dans un sentiment de fierté et de dignité. En un mot, l'action créatrice fournit l'énergie du rebond à des personnes que la vie a abîmé et qui sont momentanément en difficulté.

Forte de cette conviction et pour aller plus loin dans mon engagement social, j'ai fondé en 1999, l'association Rebond'Art qui a pour but de soutenir la création et la diffusion de projets artistiques réalisés avec des personnes démunies. Présidente de cette association pendant plusieurs années, j'ai eu la chance de pouvoir produire plusieurs ateliers créatifs (vidéo, théâtre, peinture, bijoux). Ces ateliers ont rencontré un vif succès et ont permis à certains participants, en situation de vie difficile, de reprendre pieds. C'est ainsi que m'est venu le désir d'en animer un à mon tour.

Lorsque j'ai rencontré Anne-Laure Sahy, fondatrice de l'association Prélude, notre conviction partagée que l'action créative permet la reconstruction identitaire a permis à mon projet d'atelier cinéma en prison de prendre forme : encourager et former un groupe de détenus afin qu'ils réalisent leurs propres films documentaires. C'est ainsi qu'est né le projet Œil Ouvert en prison qui lie mes deux pôles d'intérêt : cinéma et social.